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Pierre Le Maréchal et les étangs de Saclay

24 mai 2020

La réserve ornithologique des étangs de Saclay

Le contexte de la réserve

Les étangs de Saclay sont situés sur la commune de Saclay, au nord-ouest du département de l’Essonne. Ils constituent, avec ceux de Saint-Quentin-en-Yvelines, des Noës et de Hollande (forêt de Rambouillet - Yvelines), un ensemble bien caractéristique de zones humides franciliennes à faible profondeur. Au XVIIème siècle, ces étangs ont été reliés au château de Versailles par des aqueducs et des rigoles afin d’assurer l’approvisionnement en eau des fontaines du château.
Les étangs de Saclay dépendent de la Direction Générale de l’Armement- essais propulseurs (DGA-EP). Ils sont constitués de deux plans d’eau : l’étang Vieux (51 ha) à l’ouest et l’étang Neuf (40 ha) à l’est, chacun d’une surface en eau de 30 à 35 ha (selon la saison).
L’étang Vieux est alimenté par l’aqueduc des Mineurs via la rigole de Corbeville et celle de Guyancourt. Il peut se déverser vers le nord-ouest par la ligne des Puits et l’aqueduc de Saclay et, vers l’est, dans l’étang Neuf. Une vanne située entre les deux étangs sur la RD 446 permet de réguler le flux et de faire baisser le niveau de l’étang Vieux en fonction des saisons et/ou des besoins en eau des essais de la DGA-EP. L’étang Neuf peut, lui-même, se déverser dans la Bièvre par le ru de Vauhalan.
L’étang Vieux a été classé en réserve ornithologique par une convention signée entre le ministère de l’Environnement et celui de la Défense le 21 août 1980.
L’étang Neuf n’a pas de statut particulier et sert à alimenter en eau les circuits de refroidissement de la DGA-EP, mais également de base de loisirs pour les employés de ce centre (voile, pêche, chasse).

La richesse botanique de l’étang Vieux dépend essentiellement de ses vases exondables (rive ouest, et en partie rive nord) et du développement d’une association végétale devenue rare en Île-de-France : le Bidentetum. La baisse du niveau d’eau de l’étang Vieux en mars-avril et en septembre-octobre, en plus du développement de cette végétation, permet aux limicoles de séjourner et se nourrir pendant les migrations pré et postnuptiales.

Les roselières (phragmitaies) bordent l’étang Neuf sur une surface d’environ 4 ha. Elles ne se sont jamais beaucoup développées sur l’étang Vieux. Deux ardéidés, très rares pour l’Île-de-France, contribuent à la richesse de l’étang Neuf : le Blongios nain nicheur (1 à 4 couples au cours des années 2000-2020) et le Butor étoilé hivernant (1 ou 2 individus chaque année). Ces roselières abritent, entre autres, la reproduction des Grèbes huppés et castagneux, du Râle d’eau, de la Rousserole effarvatte et du Bruant des roseaux.
Entre les années 1970 et 1990, la végétation arbustive du pourtour de la réserve (étang Vieux) s’est considérablement développée entraînant la disparition des prairies humides qui occupaient les rives ouest et sud jusqu’au début des années 1990. L’assèchement de ces prairies a commencé avec la plantation de peupliers en 1976. Mais d’autres facteurs ont probablement contribué à cet appauvrissement, comme la diminution des précipitations (changement global du climat) et la demande accrue en eau vers l’étang Neuf (refroidissement des essais de réacteurs).
Le développement des saulaies ainsi que d’autres essences d’arbres (bouleaux, chênes, érables, merisiers...) a contribué à fermer le milieu entraînant une perte significative de la biodiversité en passereaux nicheurs. Cette baisse de diversité a été quantifiée par les relevés de passereaux effectués entre 1980 et 2010 (augmentation des effectifs de Fauvette à tête noire, du Rossignol Philomèle, du Merle noir et du Troglodyte, diminution des effectifs de Bruant des roseaux, de Linotte mélodieuse et du Phragmite des joncs, par exemple).
Les équidés qui pâturent sur les abords de l’étang Vieux, ainsi que le débroussaillage effectué en hiver, contribuent à réouvrir le milieu et à favoriser la réinstallation de quelques espèces comme la Fauvette grisette, mais des travaux de plus grande envergure (abattage des arbustes, création de mares en sous-bois...) sont en cours d’étude pour redonner à la réserve de Saclay la diversité en passereaux nicheurs qu’elle peut légitimement accueillir. Ainsi, pour compléter les données acquises par mes visites journalières, un bureau d’étude a inventorié en 2018, puis en 2020 certains groupes de l’entomofaune afin d’obtenir des indicateurs permettant de faire des choix pertinents dans la gestion de la végétation de la réserve et conserver, voire augmenter, la biodiversité globale (flore et faune).

Suivis de la faune et de la flore

Une réserve doit être suivie tant au niveau de la flore que de la faune pour comprendre son évolution et proposer des aménagements afin de maintenir, voire d’améliorer, la biodiversité.
Les mammifères sont suivis par des appareils photos automatiques (pièges-photos), les insectes par des spécialistes à l’aide d’inventaires avec ou sans piégeages selon les groupes étudiés, la flore par 2 relevés annuels.

Résumé des connaissances sur l’avifaune

Les observations se font à partir du promontoire qui se situe sur la D446 entre Jouy-en-Josas et Saclay. Compte-tenu de l’augmentation de la circulation automobile, les horaires les mieux adaptés se situent entre 10h et 12h et entre 14h et 16h. Un observatoire doit être construit à environ 200 m de la D446, le long du chemin nord de la réserve. Cet observatoire devrait être terminé avant la fin de 2020.

Cet observatoire a finalement été inauguré en septembre 2021. Il apporte une bien meilleure sécurité et donne un meilleur angle d’observation vers les rives sud et ouest.
Son accès est sécurisé : il est géré par la mairie de Saclay.

Depuis les années 1940, 260 espèces d’oiseaux ont été observées sur l’ensemble des deux étangs, mais 80 environ sont très rares ou occasionnelles (une trentaine n’a pas été revue depuis plus de 30 ans).
Une seule année d’observations régulières permet de voir au moins 130 espèces. En 2020, on pouvait estimer qu’une soixantaine d’espèces nichaient encore régulièrement dans la végétation aquatique ou sur les pourtours des deux étangs. Une vingtaine d’espèces ne nichent plus depuis au moins 20 ans, en partie à cause du changement dans la strate végétale, mais également du fait de leur diminution (ou disparition) dans toute la région, voire en France.

Quelques espèces caractéristiques de la fin de l’automne et de l’hiver

Entre octobre et février, il est très facile d’admirer les espèces communes d’anatidés : Cygne tuberculé, Bernache du Canada, Canard colvert, Canard souchet, Canard chipeau, Sarcelle d’hiver, Fuligule milouin et Fuligule morillon. Dès janvier, ces espèces paradent en plumage nuptial.
D’autres oiseaux d’eau sont facilement observables comme le Grèbe huppé, le Grèbe castagneux, le Grand Cormoran, la Foulque macroule, Mouette rieuse et Goéland leucophée.
Evidemment, d’autres espèces plus rares peuvent être découvertes au gré de leurs apparitions : Oie cendrée, Canard siffleur, Canard pilet, Nette rousse, Garrot à œil d’or, Grèbe à cou noir...

Quelques espèces typiques du printemps et de l’été

La baisse du niveau d’eau en avril et mai permet l’accueil des limicoles, mais ils sont difficiles à identifier depuis le promontoire de la D446. Ce sera plus facile avec la construction de l’observatoire.
Au printemps, le spectacle ornithologique est surtout assuré par la colonie de Sternes pierregarins (15-20 couples) installée sur la plate-forme qui leur a été construite, celle des Hérons cendrés (30 couples) ou de Grands Cormorans (2 îlots rassemblent 75 couples).
Le printemps voit également les passereaux paludicoles s’installer pour nicher : le Bruant des roseaux qui hiverne sur place et la Rousserolle effarvatte qui revient d’Afrique, plus rarement, le Phragmite des joncs, la Rousserole verderolle et la Bouscarle de Cetti.
Enfin, en mai, parfois seulement début juin, arrive le Blongios nain. Il n’est visible que sur l’étang Neuf où il trouve les surfaces de roselières à sa convenance.

Bibliographie
 Dubois P. J., Le Maréchal P., Olioso G. et Yésou P. (2008). Nouvel Inventaire des Oiseaux de France. Delachaux et Niestlé, Paris. 560 pages.
 Le Maréchal P., Laloi D. et Lesaffre G. (2013). Les oiseaux d’Île-de-France. Nidification, migration, hivernage. CORIF-Delachaux et Niestlé, Paris, 512 pages.

Pour en savoir beaucoup plus, visitez Les étangs de Saclay, site que Pierre Le Maréchal met à jour quotidiennement pour notre plus grand bonheur !

Portfolio

  • Hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis)
  • Canard souchet (Spatula clypeata) © P.L.M.
  • Martin pêcheur (Alcedo atthis) © P.L.M.
  • Sarcelles d'hiver (Anas crecca)
  • Héron cendré et grande aigrette © P.L.M.
  • ...les mêmes ! © P.L.M.
  • Grandes aigrettes au repos
  • La grande et la garzette © P.L.M.
  • Grèbe huppé (Podiceps cristatus) © P.L.M.
  • La foulque macroule...et l'écrevisse (Fulica atra) © P.L.M.
  • Echasse blanche (Himantopus himantopus) © P.L.M.
  • Bécassine des marais (Gallinago gallinago)
  • Bécasseau variable (Calidris alpina) © P.L.M.
  • Fulligule morillon ♂ et ♀ (Aythya fuligula)
  • Blongios nain (Ixobrychus minutus) © P.L.M.
  • Grande aigrette (Ardea alba) © P.L.M.
  • Héron cendré (Ardea cinerea) © P.L.M.
  • Rousserolle effarvate (Acrocephalus scirpaceus)
  • Aigrette garzette (Egretta garzetta) © P.L.M.